Un programme au vert - Un jardin de peupliers blancs
​
Réminiscence des terrains marécageux de l’ancien tracé de l’oued Bouskoura, un jardin évanescent s’implante sur une parcelle au sol humide. Le jardin y déploie un trésor d’essences végétales caractéristiques des fonds de vallée méditerranéenne et de l’Andalousie.
Le Peuplier blanc (Populus alba), espèce emblématique des vallées marocaines, en constitue la strate arborée. Le Peuplier blanc est spontané en Europe méridionale occidentale, en Asie centrale ainsi qu’en Afrique du Nord. Au Maroc, il pousse sur les berges des cours d’eau et affectionne les sols frais. Il a une grande importance économique en raison de la rapidité de sa croissance et de la bonne qualité de son bois qui est blanc, tendre, sans nœuds, léger et sans odeur.

Utilisés sur ce projet pour accompagner la hauteur des bâtiments (ils peuvent monter jusqu’à trente mètre), ils proposent un ombrage efficace en été, tout en libérant la lumière en hiver (ils sont caduques). Le graphisme de leurs troncs blancs accompagne le vocabulaire en bande blanches du jardin et des façades.

Les Peupliers seront installés dans des « bacs » formés par des murets en bloc de granit, de 1.50 x 1.50 m sur 45 cm de hauteur vue, complétés en sous-sol par une épaisseur complémentaire de 60 cm. Un système de tuteurage spécifique, composé d’une barre en acier galvanisée, inclinée et chevillée sur le muret en pierre, permettra le bon maintient des sujets les premières années.

Un vocabulaire de bandes et de strates - Un sous bois frais
​
Réagissant aux façades et leurs jeux de brise-soleil et garde-corps, le calepinage de sol reprend un dessin de bandes blanches, avec des remplissages de dalles de différentes tailles. Des bordures de granit de 10 cm de large se marient avec des dalles en béton désactivé pour former des cheminements confortables afin de relier les différents halls d’entrée.

Dans cette pixellisation de dalles s’installent des plaques de massifs de vivaces et arbustes taillés en banquette à 80 cm de haut. Des circulations « aléatoires » se forment ainsi entre les plantations, rendant à la fois le jardin plus intime et plus ludique. Des bancs et des corbeilles en granit accompagnent les endroits plus « calmes ».

Le traitement homogène de la strate basse avec des espèces locales permet de laisser filer les vues et de profiter de la grande profondeur du jardin. Cette strate arbustive se compose d’essences adaptées au climat et économes en eau. Le réseau d’arrosage est limité à un goutte à goutte servant essentiellement à l’installation des plantes sur les deux premières années de vie du jardin. Cet arrosage automatique pourra ensuite baisser en intensité jusqu’à devenir sporadique. Le volume d’arrosage est estimé à 0.30 m3 par jour soit moins de 120 m3 par an dans le cas d’une année sèche et 90 m3 pour une année normale. Ces volumes très limités ne justifient pas la mise en place d’équipements onéreux de récupération et stockage des eaux pluviales. Un arrosage de sécurité, composé de bouches d’arrosage en fonte, est installé afin de palier au mauvais fonctionnement de certains secteurs. Ces bouches d’arrosage servent aussi au nettoyage de l’ensemble des surfaces minérales du jardin.

Un éclairage rasant est proposé dans le jardin sous forme de borne horizontale de 40 cm de haut et 1 m de long. Ces bornes en granit, masquent une source LED et diffusent une lumière horizontale afin de baliser les passages sans éblouir les promeneurs. Quelques spots encastrés aux pieds des arbres complètent l’éclairage d’ambiance.

Dans le même esprit que la strate basse du jardin, économe en eau et adaptée au climat, les toitures seront végétalisées avec le même mélange d’herbacées. Une épaisseur minimale de 40 cm de terre végétale permettra de pérenniser leur installation en leur garantissant une bonne inertie hygrométrique et un substrat alimentaire pour de nombreuses années. Là aussi, un arrosage automatique assurera une répartition économe de l’eau durant les deux premières années d’installation des plantes.

A terme, ce jardin n’étant composé que de « jardinières », au niveau du sol ou en toiture, la mise en place d’engrais naturels (ferticompost, sang séché, corne broyé) sera nécessaire chaque année. Le reste de l’entretien sera limité à une taille régulière des arbustes (1 fois par mois), à la taille ponctuelle des vivaces (1 à 2 fois par an) et une taille de forme des arbres (1 fois par an), soit un travail de 1 à 2 jours par mois pour 2 jardiniers.