Centre culturel - Usine de séchage OCP - KHOURIBGA
Maitrise d’ouvrage
OCP
(Office Chérifiens des Phosphates)
Surface
3 ha
Montant travaux
10 M Dirhams
Equipe
YDA (Younes DIOURI) / Younes DURET
Etudes
2019 / 2021
Réalisation
Crédit photo
/
Le Groupe OCP réhabilite l’usine de séchage à Khouribga. Cet équipement, « friche culturelle », sera un vecteur de développement à l’échelle régionale. Inscrit en bordure du futur parc de la Mine Verte et en bout de perspective de la Grand Place, cet aménagement jouera le rôle de sas d’entrée de la ville vers le parc.
Un bâtiment « noyé » dans un bosquet de forêt « sèche » (forêt sclérophylle)
Un bosquet de Mimosas d’hiver (Acacia dealbata), de Pin d’Alep (Pinus halepensis) et d’Eucalyptus gunnii little boy blue vient recouvrir la parcelle, apportant une ombre et une fraîcheur salvatrice. Essences caractéristiques du climat méditerranéen (le Mimosa a pour origine l’Afrique du Sud et l’Eucalyptus l’Australie), ces arbres sont parfaitement adaptés au territoire et compose désormais la plus part des forêts sclérophylle du monde méditerranéen. L’équipement se devine à travers les arbres et permet sa découverte progressive le long de son parcours d’entrée. Un jardin « sauvage » tapisse le sol, en contraste avec les volumes artificiels imposant de cette architecture. Les parcours se font « organique » d’une séquence à l’autre. Les grands Eucalyptus existants sur le site sont intégrés au dessin du parvis-jardin.
Des matériaux locaux – une technicité maîtrisée
La forme et le caractère des édifices du Maroc ont évidemment été influencés par la disponibilité de matériaux, de l’équipement, de la main d’œuvre qualifiée et des coûts. Confronté à la hausse des prix des matériaux importés, il est devenu urgent de revenir à l’utilisation des matériaux locaux, qui combinent la technologie, la culture et la réalité socio-économique de la région. La recherche de matériaux locaux doit permettre d’éviter le transport tout en favorisant l’économie locale.
Afin de réaliser l’ensemble des ouvrages et sols extérieurs, le projet propose en premier lieu l’utilisation de la pierre locale pour la réalisation des sols et des ouvrages. Largement utilisé localement dans la réalisation des ouvrages, la pierre est un matériau « écologique » : économe en transport et adapté à la technicité des entreprises locales.
Nous proposons ici de l’utiliser sous diverses formes pour la réalisation des murets et sur l’ensemble des revêtements extérieurs. Il est le matériau du « socle » de l’édifice, toute la strate de surface et souterraine formant une continuité de matériau.
Cette pierre strie l’ensemble du parvis-jardin du bâtiment. Des failles végétales ponctuent les stries, apportent ombre et fraîcheur et permettent la récolte des eaux pluviales pour leur percolation en direct dans la nappe phréatique. Des espaces libres se dégagent de cette nappe homogène, permettant d’accueillir des manifestations. Ce parvis est le sas d’entrée commun à l’usine réaménagée mais aussi à la salle de sport située sur sa face arrière. Seuls quelques passages de secours et de livraisons permettent d’accéder au bâtiment avec un véhicule, l’ensemble restant piéton. Bancs, corbeilles sont taillés dans la masse de cette pierre et s’implantent à l’ombre des grands arbres.
Des essences adaptées – un paysage pyrophyte
Aujourd’hui, un choix toujours plus grand de végétaux exotiques est disponible sur le marché. Pourtant, ces végétaux menacent potentiellement les écosystèmes sensibles de nos régions. De nombreuses plantes ont été collectées par l’homme sur l’ensemble des continents au cours de son histoire pour agrémenter les parcs et jardins et font désormais partie de notre patrimoine. Mais les essences exotiques peuvent aussi rompre l’harmonie de nos paysages et le fonctionnement de nos écosystèmes.
Le Maroc dispose d’une palette extrêmement riche et diversifiée de végétaux, adaptés au climat, aux types de sol et à la faune. Ces plantes locales ou parfois acclimatées depuis des siècles, plus résistantes, exigent moins de soins, de traitements et d’engrais et s’intègrent parfaitement au paysage.Choisir des essences locales, c’est tout d’abord respecter l’identité d’une région et préserver les caractéristiques des différents paysages du territoire. C’est aussi se donner les meilleures chances de réussir ses plantations en sélectionnant des plantes adaptées aux conditions de sol et de climat de la région. Pour finir c’est surtout limiter les dépenses en arrosage d’un équipement de grande envergure.
Reprenant le thème du feu, lié à l’ancienne sécherie, nous proposons ici de mettre en valeur des végétaux du climat méditerranéen aimant le feu.
En effet, nombre d’espèces du climat méditerranéen (Californie, Australie, Chili, bassin méditerranéen…) ont besoin du feu pour se reproduire. Elles se sont adaptées aux feux naturels depuis des millénaires et certaines en ont besoin pour faire éclater leur graine sous l’effet de la chaleur, déclencher la germination par la fumée, émettre des gaz alcoolisés qui permettra au feu de passer plus rapidement sur elle sans toucher leur cœur. Ces adaptations sont multiples, variées et ingénieuses. Ce jardin tentera de mettre en valeur certaines espèces de ces paysages pyrophytes, en proposant un parcours botanique.
Un « jardin de feu » retracera l’histoire de la domestication du feu en interpellant le visiteur sur la maîtrise des éclairs sous forme de piques en acier, pointant le ciel, sur un sol en mulch de pierre noir, couleur charbon, à l’image des installations « The Lightning Field » de l’artiste Walter de Maria en plein cœur du Nouveau Mexique.
Le terril – un monument dans le paysage – la mémoire d’une région
Résultat de l’extraction souterraine du phosphate, le terril de Khouribga est au même titre que les bâtiments, un patrimoine à mettre en valeur.
Dans certaines villes européennes, ces terrils sont classés au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco, notamment en France dans le Nord-Pas-de-Calais ou la Chaîne des Terrils (51 terrils) ont été classés. D’autres sites miniers sont transformés en musée, comme le PASS à Mons en Belgique, un parc d'aventures scientifiques et un musée de sciences et de société. Des observatoires scientifiques pour expérimenter et apprendre, et un terril pour partir à l'aventure dans une nature insolite, sont proposés au public.
Le PASS est un musée peu ordinaire qui invite à découvrir de manière active et ludique la place des sciences et des techniques dans notre société. Il est installé à Frameries, près de Mons, sur le site d'un ancien charbonnage classé. L'architecte Jean Nouvel a sauvé plusieurs bâtiments anciens de la démolition et s'est inspiré du fonctionnement du charbonnage pour redonner au lieu sa dimension initiale et créer un musée en 9 séquences associant 12.000 m² d'expositions et de spectacles au sein d'un parc interactif de 10 ha.
Ainsi le terril de Khouribga pourrait devenir, lui-aussi, un point d’attrait singulier. Un parcours mêlant découverte de la flore et de la géologie pourrait s’y implanter. En effet, sur ce sol « stérile », une collection de plantes dépolluantes et pionnières pourrait être présentée, montrant un gradient de fertilité des zones les plus humides en pieds de terril jusqu’à son sommet, très sec. Ces plantations permettraient de créer un parcours sur le thème de la phytoremédiation et du génie écologique pour montrer les techniques de pointe dans ce domaine.
Parallèlement, un parcours géologique rendrait lisible les différentes roches composant le monticule, retraçant ainsi l’histoire géologique de la région.
Le sommet du terril se transformera en belvédère sur la ville, mettant ainsi en relation cette ancienne usine sur son territoire. Des cartes et des maquettes y présenteront les différentes étapes de l’évolution de la ville et des installations de l’OCP.